L’écoquartier des Courtils

L’écoquartier des Courtils

L'écoquartier des Courtils : le projet

de Matthieu BLONDET, Hubert CHERRE, Marc DEMASSE

Un écoquartier précurseur : attirer de nouveaux habitants pour une nouvelle dynamique

Dans une approche environnementale novatrice pour l’époque, le projet date d’il y a 20 ans, la mairie insiste sur plusieurs points :
Le nouveau quartier doit être un lieu à vivre, partagé. Il doit être bien intégré à l’ancien bourg, tout en développant une architecture contemporaine. Dans ce but, deux cahiers des charges ont été établis :
– Le premier précise les exigences de la municipalité pour les espaces publics en matière de mobilité, d’espaces verts et de gestion des eaux. La voie de desserte est ainsi à sens unique pour limiter les flux de circulation, c’est une zone 20. Le végétal dans les espaces publics est prédominant, la gestion des eaux et des déchets vise à traiter ceux ci le plus localement possible : noues et composts sont préconisés.
– Le second est à destination des futurs propriétaires. Il fixe les règles de construction en imposant des matériaux respectueux de l’environnement, qui reprennent les codes architecturaux locaux. Par ailleurs, chaque maison doit être équipée d’un récupérateur d’eau de pluie, chauffe-eau solaire et composteur.
Si aujourd’hui, ces règles paraissent presque « banales », encore une fois, elles étaient précurseurs des principes de plus en plus adoptés aujourd’hui.
Par ailleurs, dans un soucis de mixité sociale, et dans l’espoir d’attirer une nouvelle population, la municipalité décide de la création de 10 logements sociaux, ce qui représente tout de même 31% des logements créés.

Un pari réussi

Sur le long terme, le pari d’attirer une nouvelle population est pleinement atteint, puisqu’un boulanger bio, un producteur bio de plantes aromatiques et à infusions, et un apiculteur bio sont venus s’installer dans le bourg de Bazouges, alors qu’avant la création du lotissement, seul restait un café.
Enfin, depuis 2008, un marché bio hebdomadaire est installé dans la salle municipale.
La réussite est d’ailleurs telle qu’en 2015, treize nouveaux lots ont été commercialisés.

Une offre une qualité de vie renouvelée : de l’écologie oui, mais pas de la monotonie

Dans l’optique de créer non seulement des logements, mais une véritable dynamique au sein du bourg, les lots sont groupés par ensemble de quatre autour d’une placette. Elle est à la fois lieu de vie et de rencontre. Sur ces placettes donnent les garages groupés. Imposés par la mairie, ils sont l’occasion d’échanges entre voisins.
La forme des parcelles est allongée, afin d’en diminuer l’impact sur la voirie et réduire les temps de parcours. Cela favorise la pratique des mobilités douces, par ailleurs encouragée par l’existence de courettes, auxquelles on accède par des brèches dans le talus qui a été reconstitué.
Les parcelles orientées Nord- Sud au niveau des voies principales permettent également à chaque propriétaire de décider de l’implantation des maisons individuelles, avec des espaces végétalisés à l’avant et à l’arrière du bâtiment.
La longueur des terrains permet également d’éviter les effets d’alignement, en rapprochant ou repoussant le bâti par rapport à la rue.
Les permis de construire sont accordés selon des critères strictes, qui incluent entre autres l’obligation d’un rez-de-chaussée naturel (pas de sur-élevage artificiel). Le positionnement du bâtiment sur la parcelle, son intégration au site et les choix formels et esthétiques doivent également être justifiés.
Aucune maison n’est une maison de promoteur, ce sont toutes des maisons d’architecte ce qui fait la diversité et l’originalité de l’écoquartier.

L'écoquartier des Courtils : une histoire, un exemple

de Matthieu BLONDET, Hubert CHERRE, Marc DEMASSE :

Une initiative engagée il y a 20 ans

Située à un peu plus de vingt kilomètres de Rennes, il y a près de 20 ans la commune de Bazouges-sous-Hédé, alors associée à Hédé,  cherchait à développer le bourg. Mais l’ambition allait plus loin, il fallait développer, certes, mais sans reproduire ce schéma trop souvent répété des lotissements sans âmes. Il fallait également conserver un aspect rural, et reprendre les spécificités « régionales » dans l’élaboration du projet.
En 2002, après que le conseil municipal ait voté la création du lotissement. Deux objectifs supplémentaires sont fixés : privilégier une approche HQE (Haute Qualité Environnementale) et favoriser la mixité sociale. Par ailleurs, tout en cherchant à intégrer la trame urbaine du bourg, une architecture contemporaine est favorisée.
Sensibilisée aux enjeux du développement durable, la mairie, accompagnée de l’équipe d’architecte Menguy-Le Garzic, innove sur de nombreux aspects : des espaces et cheminements piétons privilégiés, une gestion des eaux de pluie sur place, une orientation bioclimatique des parcelles, des haies d’essences locales… et prend deux mesures fortes pour les futures habitations : « l’interdiction du parpaing en élévation de mur et du PVC pour les menuiseries ; l’obligation d’une cuve de récupération d’eau de pluie et de panneaux solaires thermiques ». Le quartier, composé de 32 logements (10 logements locatifs sociaux et 22 maisons individuelles) sort de terre en 2005.

Une évaluation de l’éco-quartier sollicitée par le Ministère

Cet effort a été remarqué et le lotissement est le premier quartier de Bretagne à avoir reçu la labellisation « ÉcoQuartier » attribuée par le Ministère du Logement et de l’Habitat Durable.
Dans la lignée de cette labellisation, la municipalité de Hédé-Bazouges a été sollicitée par les services de l’État pour participer à une évaluation nationale, à l’instar de 18 autres éco-quartiers en France. Localement, la réalisation de cette étude a été confiée au réseau BRUDED : Bretagne rurale et rurbaine pour un développement durable.
Outre le confort des logements, relevé par les habitants et liés aux matériaux de construction utilisé, les consommations d’énergie sont plutôt faibles. Dans le quartier, les déchets sont recyclés, les ordures ménagères, avec une moyenne de 35kg/hab/an, sont donc inférieures de 78 % par rapport à la moyenne bretonne. La récupération de l’eau de pluie permet de consommer 51 % d’eau en moins. Enfin, les matériaux utilisés allègent la facture en énergie de 45 %.
Le lotissement, par la sobriété de l’aménagement n’a pas coûté plus cher à la collectivité qu’un autre, en revanche il est économe en fonctionnement.

Plus qu’une zone d’habitat : la création d’un lieu de vie…

Les échanges avec les habitants confirment l’existence d’un vrai lien social dans le lotissement. Cela a commencé dès la création du quartier : pour communiquer sur son projet, la mairie organise en 2003 le « forum de l’habitat sain » permettant aux  premiers habitants de se rencontrer et d’échanger sur leurs projets respectifs. S’en suivent la mutualisation de certains services et beaucoup d’entraide lors des travaux.
Par ailleurs, la collectivité a conçu l’aménagement du lotissement afin de favoriser la rencontre entre habitants : un réseau de cheminements doux parcours le lotissement et des placettes desservent les parcelles et accueillent les garages des maisons. Cet espace, rappelant le principe d’une « cour commune », s’est naturellement transformé en lieu d’échange entre les voisins et en espace de jeu sécurisé pour les enfants. « La placette est socialement importante pour la rencontre des voisins, il y a beaucoup de spontanéité dans les échanges » explique un habitant du lotissement.

… qui contribue à l’attractivité de la commune et au développement local

Le projet à l’origine était décrié et ses habitants moqués. 10 ans après, la situation s’est inversée. Le quartier est aujourd’hui une référence. La construction a favorisé les échanges de services et de coups de main, des relations qui ont perduré dans le temps, et qui font qu’il y fait bon vivre, avec l’existence d’un vrai lien social. D’autant que l’organisation du lotissement avec des cheminements piétonniers et des placettes facilite les échanges entre les habitants.
Une aventure écologique dont les habitants sont fiers. Aujourd’hui, si c’était à refaire, ils ne changeraient rien.
Le lien entre les habitants s’est conforté au fil des ans avec l’envie de faire des choses ensemble. Ils ont ainsi impulsé différents projets comme la création d’un bar associatif ou d’un marché biologique hebdomadaire. Cette dynamique a eu un réel impact sur le développement local et l’attractivité de la commune : cela a motivé l’installation d’une boulangerie biologique à proximité du quartier, d’un apiculteur ; le magazine « La maison écologique » s’est également installé dans le lotissement pendant plusieurs années.

Galerie d’images

Voir aussi…

Bâti : généralités

La maison sur pilotis, éco-résidence d’artistes

Le Petit Bourg : constructions traditionnelles

Références